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Vision de Mikael Ceyrolle


Les PME s’exportent de plus en plus à l’international
Mikael Ceyrolle - Head of Global Services Continental Europe Western

Novembre 2021

Un monde connecté

« Le paysage des programmes internationaux a énormément changé du fait de la globalisation des marchés, ce qui a entraîné une expansion de la mise en place de ces programmes. »

Depuis plusieurs années maintenant, nous assistons à une globalisation des marchés. Les productions se délocalisent et les entreprises -y compris les PME- s’internationalisent de plus en plus, que ce soit pour répondre à leurs besoins ou ceux de leurs clients. Pour ces entreprises, l’investissement à l’international présente de nombreux défis, notamment vis-à-vis de leur programme d’assurance. 

Quelles sont ces entreprises françaises qui parient sur l’international ?

En 2019, la France comptait 129 000 entreprises exportatrices de biens[i] -principalement des PME- pour un tissu total de trois millions d’entreprises, soit 5% de plus en deux ans. Selon Bpifrance Le Lab, l’international est un terrain de reprise d’activité particulièrement rapide et soutenu pour les ETI les plus internationalisées, dans un contexte de reprise économique mondiale, et notamment pour celles de l’Industrie.

Le constat que livre Bpifrance, quant à elle, indique que les entreprises exportatrices se portent mieux que les autres. Elles répondent à une demande mondiale qui a déjà explosé sur bien des produits et services et se tournent déjà vers les régions du monde où la reprise sera forte : l’Europe bien sûr, qui reste le premier marché pour les entreprises françaises à l’international et bénéficie d’un atout de proximité facilitant les déplacements. Les Etats-Unis en second, puis l’Asie Pacifique et l’Amérique du Sud qui offrent toujours des perspectives intéressantes malgré la crise sanitaire actuelle. Et aussi, l’Afrique et sa croissance continue de près de 4 %, qui représente une opportunité majeure pour les PME et les ETI françaises et qui est soutenu par un nouveau programme lancé par Bpifrance et Business France : l’Accélérateur Afrique.

Qu’est-ce que le déploiement à l’international change pour les entreprises et les assureurs ?

Si l’entreprise doit être consciente des risques auxquels elle fait face lorsqu’elle s’exporte à l’international, les assureurs et leurs courtiers, eux, doivent être particulièrement attentifs aux évolutions des réglementations internationales. 

Pour l’entreprise, la recherche d’une couverture fonctionnelle est prioritaire. De manière logique, plus une entreprise s’agrandit, plus ses actifs sont importants, plus son implantation est étendue, et plus nombreux sont les risques qu’elle court. La nature de ces risques est innombrable : risques financiers, terrorisme, cyber, politiques, climatiques et environnementaux pour n’en citer que quelques-uns.
De la plus petite entreprise à la plus vaste multinationale, ces risques peuvent sonner la fin de ses activités.

Pour les entreprises se déployant à l’international, il est fondamental de souscrire des contrats d’assurance couvrant leurs filiales sur ces différents risques. D’ailleurs, plus de 90%[ii] des pays exigent la couverture d’une police locale. Cette responsabilité revient aux Risk Managers, Directeurs Financiers et assurés. C’est à eux de s’assurer que les filiales de l’entreprise sont toutes assurées, peu importe leur activité ou le pays concerné. Mais une couverture ne sera efficace que si elle est conforme à la législation du pays et aux usages locaux.

En quoi la situation aujourd’hui est-elle différente ?

Pour les assureurs, le paysage des programmes internationaux a énormément changé justement du fait de la globalisation des marchés qui a entraîné une expansion des programmes internationaux. Les problématiques de règlementation se sont multipliées partout dans le monde. Les risques règlementaires sont d’ailleurs l’une des trois thématiques qui centralisent les inquiétudes de la profession aux côtés des risques technologiques et les risques environnementaux[iii]. Le périmètre des risques à assurer s’étend aussi, et surtout dans des régions du globe qui étaient auparavant purement et simplement gérées localement.

Cette nouvelle perspective oblige les assureurs et les courtiers à jongler avec une multitude de problématiques liées à la règlementation et aux lois des pays dans lesquels des filiales sont implantées. Ces règlementations des pays évoluent constamment et selon les gouvernements, soit dans une logique de protection des consommateurs dans ces pays, soit pour protéger le marché local. Il faut donc s’adapter en permanence.

Du côté des entreprises, quels sont les pièges à éviter ?

Ils sont nombreux, mais il y en a deux sur lesquels je veux insister. Le premier, c’est de prendre en compte les différences entre pays, qui ont justement tous des règles différentes. Le cadre réglementaire est très important. Il arrive qu’une entreprise se rende compte au dernier moment - quand elle a besoin d’une preuve d’assurance - que sa police ne fonctionne pas dans tel ou tel pays, ce qui peut être très préjudiciable pour elle.

Toutefois, il faut faire attention à ne pas aller dans l’excès inverse, c’est-à-dire, à justement trop s’attacher au cadre réglementaire. La décision d’assurer ses risques à l’international doit aussi et surtout se prendre en fonction des besoins business de l’entreprise, et faire une analyse de fond sur les risques que ses filiales courent et qui doivent être couverts. C’est-à-dire, faire du sur-mesure.

Comment résoudre ce problème, justement ?

Dès qu’une entreprise s’étend à l’international, il faut travailler en amont avec le courtier et les équipes internationales et s’interroger sur le fonctionnement de l’assurance à laquelle l’entreprise souscrit. C’est une question très simple, mais qu’il faut se poser : « Est-ce que ce que j’ai acheté protège mon entreprise ? »

Il faut réfléchir à la meilleure solution à apporter à l’entreprise en fonction des critères liés à l’activité inhérente de chaque filiale en local. Pour avoir la solution la mieux adaptée, on peut aussi se poser les questions suivantes :

- Quels sont les risques et où vont-ils être situés ?
- L’assurance a-t-elle un caractère obligatoire en local ?
- Une couverture plus adaptée est-elle disponible localement ?
- L’émission d’attestations doit-elle être locale et dans la langue du pays où le risque est assuré ?
- Quelle est la préférence pour l’indemnisation des sinistres ?
- Comment seront traitées les problématiques légales et financières ?

Les questions pertinentes ne manquent pas.

Quelles sont les autres pistes de réflexion à emprunter ?

Aujourd’hui, les solutions d’assurances sont plus nombreuses que jamais et cette multitude de choix peut laisser certaines entreprises hésitantes car elles ne sont pas sûres de ce qui leur convient le plus. Certaines peuvent souhaiter laisser leurs filiales souscrire leur assurance elles-mêmes sur le marché local. D’autres préféreront à l’inverse utiliser un seul contrat d’assurance global (avec des garanties communes) pour toutes les filiales. Enfin, des entreprises opteront pour un programme mixant les deux, avec les polices locales pour les filiales, mais coordonné par l’assureur.

Il n’y a pas de solution miracle convenant à toutes les entreprises dans toutes les situations. La situation, les besoins, les capacités des entreprises sont différentes. C’est d’autant plus une raison pour les entreprises de bien réfléchir à leur(s) contrat(s) d’assurance à l'international, et de redoubler d’attention sur la capacité de ce dernier à bien les couvrir en cas de problème.

 

[i] Source INSEE
[ii] Chiffres HMN & Partners
[iii] FFA : https://www.ffa-assurance.fr/la-federation/publications/barometre-des-risques-emergents/cartographie-prospective-2021-des-risques